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s’il en disparaissait quelqu’un, je serais bien grondé, ce soir, en rentrant à la maison.

— Tu peux être sans crainte à cet égard, mon enfant ; je resterai à garder ton troupeau pendant ton absence.

— Alors, je veux bien faire votre commission, si je le puis, reprit l’enfant ; qu’est-ce que c’est ?

— Aller porter cette lettre au bon Dieu.

Et en même temps le vieillard lui montrait une lettre.

— Oui, mais je ne sais pas où je trouverai le bon Dieu.

— Dans le paradis, mon enfant.

— Dans le paradis !… Mais j’ai entendu dire que nul ne peut aller au paradis avant d’être mort.

— Toi, tu pourras y aller avant de mourir, si tu veux.

— Alors, je ne demande pas mieux que d’y aller ; mais par où est la route ?

— Tiens, prends d’abord le chemin étroit et montant que tu vois là-bas ; — et il lui montrait le chemin du doigt. — La route est difficile, inégale, pierreuse et remplie d’orties, de ronces et d’épines ; il y a aussi des vipères, des crapauds, des sourds, et toutes sortes de reptiles venimeux et hideux. Mais ne t’effraie pas pour les voir baver et les entendre siffler autour de toi ; marche toujours