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— Je jure, devant mon Dieu mort pour nous sur la croix, que j’ai payé et que je ne dois rien.

— Vous n’êtes pas homme à livrer votre argent sans quittance, et si vous l’avez fait, tant pis pour vous, car il faut que vous m’apportiez deux cents écus avant huit jours ; sinon, je ferai vendre tout chez vous. Allez, et apportez-moi la quittance ou l’argent.

Le pauvre fermier s’en retourna chez lui, tout triste, et raconta la chose à sa femme.

— Je te l’avais bien dit, lui cria-t-elle ; nous voilà ruinés !

Et elle cria, pleura et fit une scène terrible. Le pauvre homme la laissait faire et dire, et ne soufflait mot, si bien qu’elle finit par s’apaiser.

Le lendemain matin, après avoir bien réfléchi à son cas, il alla trouver son confesseur et lui conta tout. Le prêtre l’écouta attentivement et lui dit ensuite :

— Je ne sais quel conseil vous donner ; mais j’ai un frère ermite qui vit depuis longtemps dans une forêt, où il fait pénitence de ses péchés de jeunesse, et qui reçoit tous les jours la visite de son bon ange. Allez le trouver de ma part, et je suis persuadé qu’il trouvera le moyen de vous tirer d’embarras.

Fanch Kerloho se rend auprès du saint homme et lui conte son cas.