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blanc, alla le déposer sur le mur du cimetière le plus voisin, se cacha ensuite derrière la croix de pierre et attendit.

Un moment après, il vit venir, de deux points opposés de l’horizon, un corbeau noir et une colombe blanche. Le corbeau, le premier, passant au ras du mur, donna un coup d’aile au linge qui contenait l’os, et faillit le faire tomber dans le chemin qui longeait le cimetière. La colombe blanche vint à son tour, et, d’un vigoureux coup d’aile, elle rétablit le linge et l’os dans leur position première. Le corbeau et la colombe luttèrent ainsi pendant une demi-heure environ, avec des chances diverses, le premier voulant faire tomber l’os hors du cimetière, et la seconde s’efforçant de le rejeter dans le cimetière. Enfin, la colombe l’emporta : elle fit tomber l’os dans le cimetière. Le bon l’emportait sur le mauvais, et l’âme du vieil ermite, l’ancien brigand, était sauvée[1].

L’enfant, qui était à présent un jeune homme, car son voyage avait duré plusieurs années, sentit son cœur soulagé, et il revint alors à la maison et remit à sa mère son contrat de mariage, qu’il avait été lui chercher dans l’enfer[2]. Puis,

  1. Voir un épisode semblable dans le premier volume de Gwerziou Breiz-Izel, Marie Quelen, page 95.
  2. Dans un conte slave de Glinski, connu sous le titre de : Le brigand Madey, un enfant, vendu au diable par son père, va également en enfer retirer le titre de la vente de son âme.

    Cf. L’Enfant vendu au diable, conte gallot, no XXIX des Contes populaires de la Haute-Bretagne, de Paul Sébillot.