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conserva toutes ses fleurs. Pour moi, je n’eus aucun mal, grâce à un miracle que Dieu fit en ma faveur.

— Je vais vous expliquer ce que cela signifie, mon fils, dit le vieillard ; depuis que vous avez été sacré prêtre, vous n’avez dit qu’une bonne messe, une seule, et cette messe-là est représentée par la branche fleurie qui vous a sauvé la vie.

Puis, se tournant vers le second fils, le notaire, il lui dit :

— Et vous, mon fils, dites-moi également ce qui vous est arrivé.

— Quand le soleil se coucha, dit le notaire, je me trouvais au milieu d’un grand bois, et je me couchai aussi sous un arbre, pour y passer la nuit. Mais je fus bientôt éveillé par un grand bruit, et quand j’ouvris les yeux, je vis un homme très-grand, un géant, je pense, qui, avec ses deux mains, arrachait les arbres un à un et les mettait en tas. Quand il jugea que le tas était assez grand, il arracha encore un autre arbre et le tordit, pour en faire un lien pour lier le tout. Puis il voulut charger le fardeau sur ses épaules ; mais il était trop lourd, et, après avoir fait de vains efforts, il s’en alla, d’un air mécontent, en le laissant là.

— Voici ce que cela signifie, reprit le vieillard. Vous avez agi comme cet homme-là : le fardeau