Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que le peuple fait constamment subir aux mythes primitifs et aux traditions orales, même les moins anciennes. Dans les nombreux récits de tout genre, mythologiques, légendaires ou autres, que j’ai recueillis dans nos chaumières et nos manoirs bretons, deux courants opposés, mais qui se croisent et se confondent souvent, sont faciles à constater : l’un chrétien, bien que, ordinairement, à l’origine, il découle d’une source païenne, altérée et obscurcie, dans ses voyages à travers les nations et les âges ; — l’autre, païen, mythologique d’ordinaire, et encore mélangé d’éléments étrangers, mais quelquefois aussi d’une pureté et d’une précision inattendues. La première catégorie a fourni la matière de ces deux volumes ; l’autre, plus riche et plus importante, je crois, du moins au point de vue scientifique, exigera plusieurs volumes, quatre ou cinq. On y trouvera des versions parfois assez bien conservées et fort intéressantes, des fables ou des mythes les plus répandus chez les différents peuples de l’Europe et de l’Asie, et qui, suivant un système d’interprétation fort en vogue il y a quelques années, mais aujourd’hui moins accrédité, s’expliqueraient facilement — trop facilement — par des phénomènes météorologiques et astronomiques, comme la lutte du soleil contre les nuages orageux, du jour contre la nuit, de l’été contre l’hiver, en un mot de la lumière contre les ténèbres, ou du mauvais principe contre le bon. Pour certains mythographes, tout conte merveil-