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désordre ; sa mère ne valait guère mieux, si bien que la pauvre enfant avait été assez mal élevée, et n’avait appris ni Pater ni Noster, comme on dit. Et pourtant, tous les matins, en se levant, et tous les soirs, avant de se mettre au lit, elle récitait une toute petite prière qu’elle avait composée elle-même. Voici cette prière :


 
Que Dieu bénisse ma maison et mon foyer !
Je mets mon lit sous la protection des vierges.
Le seuil de ma porte sous celle des apôtres[1] !


Et la nuit, les passants qui étaient un peu attardés voyaient douze hommes, qu’ils ne connaissaient point, debout au seuil de sa porte et comme en faction. Si bien que les mauvaises langues disaient que Franceza menait mauvaise vie et que c’étaient ses amoureux que l’on voyait ainsi autour de sa maison. De vilains bruits coururent sur elle dans le pays, et le recteur de la paroisse la fit appeler à son presbytère et lui parla ainsi :

— Comment, ma pauvre enfant, il court de bien vilains bruits sur vous, dans la paroisse !

  1. Doue da vinnigo ann ti ac ann oaled,
    Ha ma gwele d’ar gwerc’hezed,
    Toul ma dor d’ann abostoled.