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— Je ne veux pas aller avec vous. Ma marraine ! ma marraine ! venez vite à mon secours !…

La marraine arriva à l’instant et arracha l’enfant au ravisseur.

— Cet enfant est à moi, et je le veux ! cria le parrain, furieux.

— Venez donc le prendre, répondit la marraine avec calme.

Et il hurlait et écumait de rage ; mais il n’osait toucher ni à l’enfant, ni à sa protectrice. Il lui fallut encore céder, et il s’enfuit, en faisant un vacarme épouvantable.

— À présent, mon enfant, vous viendrez avec moi, dit alors la marraine à Robert.

Puis, s’adressant à son père et à sa mère :

— Et vous, retournez à la maison, bonnes gens, et soyez sans crainte au sujet de votre fils, car je ne l’abandonnerai pas.

Le père et la mère rentrèrent chez eux, et Robert suivit sa marraine, qui le conduisit à la chapelle. Là, elle lui parla de cette façon :

— Tout n’est pas fini, mon enfant, et il vous reste encore une épreuve difficile à subir. Il vous faudra, à présent, aller jusqu’au château de votre parrain, puisque votre père a eu l’imprudence de lui promettre que vous y iriez, quand vous auriez atteint l’âge de douze ans, et le moment est venu. Votre parrain, mon pauvre enfant, est