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Vierge, qui ne l’abandonnerait pas, dans le danger... Et elle le regardait d’un air triste et doux, et peu s’en fallait qu’elle ne pleurât. Ces entretiens avec sa marraine étaient remplis de charme pour Robert, et dès qu’il avait un moment à lui, il courait à la chapelle.

Quant à son parrain, depuis le jour du baptême, on ne l’avait pas revu, et il paraissait se soucier assez peu de son filleul.

Cependant, l’enfant courait vers ses douze ans. Un soir qu’il était seul dans la chapelle, priant devant l’image de la sainte Vierge, selon son habitude, sa marraine lui apparut, plus triste que d’ordinaire, et lui parla de la sorte :

— Courage, mon enfant ; n’oubliez pas la mère de Dieu, et elle, à son tour, ne vous oubliera pas, dans le danger. Car il est temps de vous l’apprendre, vous êtes menacé d’un grand danger, et cela de la part de votre parrain. Votre parrain, mon pauvre enfant, n’est pas un honnête homme, et il faut vous en méfier et ne lui obéir qu’après m’avoir demandé conseil. Vous le verrez sans doute aujourd’hui, et il vous dira de ne pas m’obéir et de ne prendre conseil que de lui ; mais, ne l’écoutez pas, et restez-moi toujours fidèle.

Et ayant ainsi parlé, elle disparut, et des larmes paraissaient briller dans ses yeux.

Robert fut troublé de ce qu’il venait d’entendre,