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lui recommanda d’avoir soin de son filleul et de l’envoyer à l’école. Quand il aurait douze ans, il viendrait le prendre, pour l’emmener avec lui à son château, afin d’y achever son éducation.

La marraine insista pour qu’on lui apprît de bonne heure à prier, à être dévot à la sainte Vierge surtout, à respecter ses parents et à vivre dans la crainte de Dieu. Elle donna aussi au sabotier une nappe nourricière, qui lui procurerait à souhait la nourriture du corps et ne le laisserait manquer de rien, lui et sa famille.

Puis le parrain et la marraine s’en allèrent, mais non ensemble, suivant chacun une direction opposée.

Dès ce moment, l’aisance et le bonheur entrèrent dans la hutte du sabotier, et un changement si subit et si complet intrigua les habitants de la commune et leur fit même des jaloux.

L’enfant venait bien. Il était bien constitué et intelligent. Quand il eut six ans, le recteur de la paroisse commença de lui faire l’école, et il faisait des progrès rapides et apprenait tout ce qu’on lui montrait. Ses parents l’avaient voué à la sainte Vierge, et il allait tous les jours prier avec eux ou seul, dans une vieille chapelle qui se trouvait dans leur voisinage. Sa marraine lui apparaissait souvent dans cette chapelle, et elle lui donnait de bons conseils et l’exhortait à être dévot à la sainte