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raissant riche, mais qu’il n’avait jamais vu dans le pays.

— Où allez-vous ainsi, mon brave homme, lui demanda l’étranger, et pourquoi êtes-vous si triste ?

— Si je suis triste, monseigneur, répondit le pauvre homme, c’est que j’ai bien raison de l’être.

— Voyons, dites-moi ce que c’est, et peut-être pourrai-je vous être utile.

— Ma femme vient encore d’accoucher, et je vais chercher parrain et marraine pour le nouvel enfant que Dieu nous envoie ; mais, comme c’est le neuvième, je ne sais plus à quelle porte aller frapper.

— Eh bien ! si ce n’est que cela, tranquillisez-vous ; je serai le parrain de votre enfant. Assurez-vous d’une marraine, puis trouvez-vous demain matin, à dix heures, avec la marraine et l’enfant, dans le porche de l’église de la commune, et je vous y rejoindrai. À demain donc, et compter sur moi.

Et l’inconnu s’en alla.

Le sabotier continua sa route, un peu moins triste, et se félicitant de sa rencontre.

— Cet étranger doit être riche, se disait-il en lui-même, et ce sera, sans doute, un bon parrain pour mon enfant.