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ne laisser entrer aucun mendiant ? Chassez-moi vite ce porte-haillons ! Détachez les chiens sur lui !

On détacha les chiens ; mais ils ne firent aucun mal au vieux mendiant qui, du reste, se retira lentement. Jean L’Andouar retourna à la salle du festin.

Peu après, comme on causait et riait gaîment, un beau carrosse tout doré et attelé de quatre chevaux superbes entra dans la cour, avec grand fracas, et dans le carrosse il y avait un roi ou tout au moins un prince tout brillant d’or et de pierreries. Un domestique se rendit en toute hâte auprès du maître et lui dit :

— Seigneur, venez vite recevoir un roi ou un prince qui vient d’entrer dans la cour, en grand équipage !

Tout le monde se leva de table, en entendant cela, car le valet, tout troublé, avait parlé à haute voix, et on courut aux fenêtres.

— Qui donc peut être ce beau prince ? se demandait-on les uns aux autres.

Personne ne le connaissait.

Jean L’Andouar s’avança vers le carrosse, le chapeau à la main, et, saluant le prince jusqu’à terre, il le pria de vouloir bien descendre et de lui faire l’honneur d’entrer dans sa maison.

— Merci ! répondit sèchement le prince supposé ; je ne descendrai ni entrerai dans votre mai-