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— Faites alors ce que je vous dis, ou crevez de faim, vous et vos enfants.

En ce moment, le malheureux père entendit les pleurs et les cris de ses enfants :

— Père, du pain ! du pain !!…

Et, le cœur brisé et perdant la tête, il dit :

— Eh bien ! je ferai ce que vous me dites, à cause de mes pauvres enfants ! Dieu aura pitié de moi, et il me pardonnera.

— C’est bien ; travaillez demain, et, au coucher du soleil, je viendrai vous payer.

Et le seigneur inconnu partit.

Le lendemain, le pauvre homme se leva de bon matin et fit ses prières, comme de coutume ; puis il trempa son doigt dans l’eau bénite, fit le signe de la croix, prit sa faucille et se rendit à la grand’lande ; et le voilà à couper de l’ajonc. Il travailla consciencieusement, toute la journée, et coupa beaucoup d’ajonc. Quand le soleil se coucha, il était bien fatigué. Il s’assit alors sur une pierre, pour fumer une pipe et attendre qu’on vînt le payer. Mais il eut beau attendre, celui qu’il attendait ne vint pas.

— Je suis vraiment bien malheureux ! se dit-il ; j’ai passé toute la journée à travailler, sans manger, et à présent, je ne serai sans doute pas payé ! Et le pire de l’affaire, c’est que j’ai travaillé le jour de Noël, le saint jour où est né notre Sau-