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rêveur, triste et inquiet, car il n’y avait plus de pain à la maison, et ses enfants avaient faim et pleuraient ; c’était pitié de les entendre. En ce moment vint à passer un seigneur étranger qui lui demanda :

— Pourquoi donc êtes-vous triste et inquiet de la sorte, mon brave homme ?

— Hélas ! Monseigneur, ce n’est pas sans raison ; mes enfants et moi nous sommes près de mourir de faim, et il n’y a pas le moindre morceau de pain à la maison ; et avec cela je n’ai pas de travail. Je ne sais que faire ; il nous faudra mourir, pour sûr, si Dieu ne nous vient en aide.

— Si vous voulez travailler pour moi, je vous paierai bien, reprit l’étranger.

— Je ne demande qu’à travailler, mon Dieu.

— Eh bien ! allez, demain matin, couper de l’ajonc sur la grand’lande, et, au coucher du soleil, je viendrai vous payer.

— Demain, c’est la fête de Noël, un des plus saints jours de l’année, et je ne veux pas travailler, un pareil jour ; mais, le lendemain et tous les jours suivants, si vous voulez, excepté les dimanches et fêtes observées...

— Adieu, s’il en est ainsi ; d’après ce que je vois, vous n’avez pas aussi grand besoin que vous le dites.

— Si, mon Dieu, j’ai aussi grand besoin que possible !