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il était demeuré plus d’un an en extase à contempler le paradis, bien qu’il lui semblât n’être pas resté plus d’une demi-heure.

Ils descendirent encore un étage plus bas, et le bon Dieu ouvrit une troisième porte. Aussitôt Pierre recula, en poussant un cri d’effroi. Il vit une fournaise remplie de feu, et des diables hideux ravivaient les flammes et y retenaient, avec des crocs et des fourches d’acier, les malheureux qui essayaient d’en sortir. Et c’était des cris affreux, des hurlements, des grincements de dents, des malédictions et des blasphèmes épouvantables ! Au milieu du feu, à l’endroit le plus terrible, Pierre aperçut un siège d’acier, avec des flammes tout autour, et dessous et dessus.

— À qui est réservé ce siège ? demanda-t-il avec effroi à son conducteur.

— À ta mère ! lui dit le bon Dieu, parce qu’elle a mené mauvaise vie, et qu’elle a été toujours dure et sans cœur pour le pauvre.

— Mon Dieu, que dites-vous là ? Et ne m’est-il pas possible de sauver ma mère, à quelque prix que ce soit ?

— Hélas ! non, mon enfant ; on ne sort pas de l’enfer !

— Ah ! puisque vous êtes le bon Dieu et que rien ne vous est impossible, faites que ma mère