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— Il faut ouvrir à ton fils, Pierre ; je veux le voir.

Saint Pierre entrouvrit un peu sa porte. Le jeune homme la poussa violemment et, entrant précipitamment, il s’élança au cou du vieux portier et l’embrassa avec transport, en disant :

— Quelle joie, quel bonheur de trouver enfin mon père ! Il y assez longtemps que je suis en route, et ce n’est pas sans beaucoup de mal et de peine que j’ai pu arriver jusqu’à vous, mon père chéri.

— Pourquoi m’appelles-tu ton père ? dit le saint, d’assez mauvaise humeur.

— Pourquoi je vous appelle mon père ?... Mais tout le monde m’appelle le fils de saint Pierre, et c’est bien vous qui êtes saint Pierre, je pense ?... Vous êtes donc mon père, puisque tout le monde le dit... Et puis, ne vous rappelez-vous pas aussi que je vous fis passer une rivière, en vous portant sur mon dos, et que vous me dîtes alors que vous me recevriez bien, quand je viendrais vous voir chez vous ?

— Ah ! c’est toi, mon garçon ? Je ne te reconnaissais pas ; j’ai du plaisir à te voir, certainement ; mais ne m’appelle pas ton père, car je ne suis que ton parrain.

Le bon Dieu riait de bon cœur, et comme il voyait que saint Pierre n’était pas content d’en-