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mois, un jour, la nuit le surprit dans une grande forêt. Il monta sur un arbre, pour voir s’il n’apercevrait pas de la lumière quelque part. Il aperçut une faible lueur, au loin, et aussitôt il descendit et marcha dans la direction de la lumière. Il finit par se trouver auprès d’une hutte faite de branchages d’arbres, de genêts et de fougères. Il en poussa la porte, qui céda facilement, vit une petite vieille femme qui était seule dans cette misérable habitation et lui dit :

— Auriez-vous la bonté de me donner l’hospitalité pour la nuit, grand’mère ? Je me suis égaré dans le bois, et je ne connais pas le pays.

— Hélas ! mon enfant, je suis si pauvre, que je n’ai qu’un lit et rien à vous donner à manger...

— Au nom de Dieu, laissez-moi passer la nuit dans votre hutte, grand’mère, car la forêt est pleine de bêtes fauves, et je les entends hurler et rugir de tous les côtés ; je ne suis pas difficile, et je coucherai sur la pierre du foyer.

— Entrez, alors, mon fils ; je partagerai avec vous, de bon cœur, le peu que j’ai.

Pierre entra. Il avait dans sa poche un peu de pain, et il le partagea avec la pauvre vieille qui, depuis longtemps, n’avait pas mangé de pain. Mais il sentait si mauvais dans l’habitation, qu’il était obligé de se boucher le nez, et il finit par dire :