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II

Et Dénombra disait,
En entrant dans Guingamp :
— À moi le vin et l’argent,
À mes soldats les filles de Guingamp !

Dur de cœur eut été celui qui n’eut pleuré,
S’il eut été à Guingamp,
En voyant les jeunes filles
Implorer Notre-Dame de Guingamp :

— Vierge Marie, protégez-nous,
Nous sommes abandonnées de tout le monde !
Dur de cœur eut été celui qui n’eut pleuré,
S’il eut été à Guingamp,

En voyant les draps de lit et les tapis
Avec eux à fourbir leurs armes…
Et Dénombra disait,
En entrant dans l’église de Guingamp :

— Seriez-vous contente, Vierge Marie,
Que de votre maison nous fissions une écurie,
De votre sacristie, une cave à vin,
De votre grand autel, une table de cuisine ?

Il n’avait pas fini de parler,
Que les cloches ont commencé de sonner ;
Les cloches commencent de sonner,
Tellement que l’épouvante était dans leurs cœurs.

Et Dénombra disait
À son petit page, en ce moment :
— Petit page, prends mon épée,
Et va voir qui est à les sonner ;

Et si tu trouves un chrétien à les sonner,
Plante lui mon épée dans le cœur !…
Il est monté au haut du clocher,
Et il est descendu tôt après :

— Il n’y a chrétien (personne) autour d’elles,
Et la rosée (sueur) en tombe ;
Non, il n’y a que la grâce de Marie et de son fils,
Qui est dans la tour, à les mettre en branle !…