Isabelle Le Cham disait,
Un jour, à sa sœur Marie :
— Venez avec moi dans les chambres,
Pour choisir les plus beaux habits,
Et une douzaine de mouchoirs
Pour lui, pour sécher ses larmes ;
Pour lui, pour sécher ses yeux,
Car il pleurera, je le sais bien.
Le clerc de Krec’h-Menou disait,
En arrivant à la maison :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison.
Qu’y a-t-il de nouveau ici ?
Qu’y a-t-il de nouveau dans cette maison,
Que vos coiffes sont dans cet état ?[1]
Ce n’est pas à défaut d’épingles
Que vos coiffes sont en deuil ;
Quand je fus à la foire de Tréguier,
Je vous en apportai trois milliers.
— Je ne puis vous le nier, mon frère,
Isabelle Le Cham est morte !
Quand le clerc de Krec’h-Menou entendit (cela),
Il tomba trois fois évanoui à terre ;
La dernière fois qu’il se releva.
Il courut au cimetière ;
Il courut au cimetière,
Pour déterrer sa femme.
Quand il l’eût déterrée et retirée de son cercueil,
Il la posa sur ses genoux ;
Il la posa sur ses genoux,
Et lui donna deux baisers.
- ↑ Dans les campagnes de l’arrondissent de Lannion, les femmes en deuil laissent tomber sur leurs épaules les deux ailes de leurs coiffes blanches. — Dans certaines localités du Finistère les coiffes de deuil sont en toile jaune.