— Tenez Claudine, prenez cent écus
Pour nourrir votre enfant, quand il sera né :
Voilà encore deux écus de plus,
Pour avoir des lisières.
— Et quand j’aurais douze enfants,
Tous à l’aventure, (sans pères légitimes),
Je leur aurais des habits de satin blanc,
Et les enverrais à l’école en bande,
J’ai sept frères au service du roi,
Et bientôt ils auront leur congé ;
Alors Claudine Cabon sera épousée,
Ou le cadet de Lezveur sera décapité.
Le cadet de Lezveur disait
À sa mère, en arrivant à la maison :
— Laissez-moi épouser Claudine Cabon,
Pour que je ne sois pas conduit en prison.
— Il n’y a pas de Cabon dans le pays,
Mon fils, qui puisse vous arracher d’ici !
Elle n’avait pas fini de parler,
Que la cour était pleine de sergents.
Dix-huit Cabon et des bons,
Sont allés à Rennes en une bande ;
Et il n’était aucun parmi eux
Qui n’eût mille écus à son côté.
Le cadet de Lezveur disait,
Assis dans la prison de Rennes :
— Faites rôtir les Cabon,
Il y en a assez dans le pays !
Et les Cabon disaient,
En l’entendant, là, sur le champ :
— Bien que notre nom soit Cabon[1],
Ce n’est pas nous qui serons rôtis !
Le cadet de Lezveur disait,
Un jour, aux gens de la Justice :
— Faites sortir le cadet de Lezveur de sa prison,
Pour aller épouser Claudine Cabon ![2]
Loguivy Pougras, — Novembre 1863