Mon frère le baron le onzième,
Pour vous sauver la vie, mon épouse.
Il ne sert pas de vous le cacher,
Il faudra aller jusqu’au roi.
Jeanne Le Bihan répondit
À Traonlavané, quand elle l’entendit :
— Si vous allez jusqu’au roi,
Au nom de Dieu, que j’aille aussi !
— Je n’ai pas de carrosses équipés,
Et vous ne résisteriez pas à chevaucher ;
Je vous conduirai chez ma sœur Jeanne,
Où il ne vous arrivera pas de mal.
— Si vous me conduisez chez votre sœur Jeanne,
Cherchez-moi les planches de mon cercueil ;
Cherchez-moi les planches de mon cercueil,
Je ne serai pas en vie quand vous retournerez !
Traonlavané disait,
En arrivant au palais du roi :
— Salut, sire, et vous, reine,
Me voici venu dans votre palais.
Le roi dit alors
À Traonlavané, quand il l’entendit :
— Quel malheur as-tu commis,
Pour être venu si jeune nous voir ?
— J’ai tué dix de mes parents,
Mon frère le baron le onzième ;
Mon frère le baron le onzième,
Pour sauver la vie à ma femme.
La reine dit alors
À Traonlavané, quand elle l’entendit :
— Où tu as commis la plus grande faute,
C’est en ne l’amenant pas avec toi ;
Tu ne l’as pas amenée avec toi,
Tu ne la reverras pas en vie.
Je t’écrirai sur du papier rouge
(Pour que tu puisses) marcher hardiment de tout côté ;
Je t’écrirai sur du papier bleu
(Pour que tu puisses) marcher hardiment en tout lieu ;
Je t’écrirai sur du papier blanc
(Pour que tu puisses) marcher partout la tête haute !…