Le vieux Le Bihan répondit
À Traonlavané, quand il l’entendit :
— Ne vous moquez pas de mes filles,
Elles ne s’attendent pas à vous épouser.
— Je n’ai pas l’intention de me moquer d’elles,
(Je vous demande) votre fille Jeanne pour l’épouser.
— Elle est là-bas, dans le jardin,
À faire un bouquet de fines fleurs ;
À faire un bouquet de fines fleurs,
De marjolaine et de turquentin ;
De marjolaine et de lavande,
Qui sied à une jolie fille.
Traonlavané, sitôt qu’il l’entendit,
Dans le jardin se rendit :
— Bonjour à vous, mon amour !
— Et à vous, dit-elle, Traonlavané.
Quand le vieux Le Bihan a entendu,
Dans le jardin il s’est rendu :
— Mes filles ont chacune mille écus de rente,
Avec celle-là, vous aurez deux mille.
Monseigneur le marquis répondit
Au vieux Le Bihan, sitôt qu’il l’entendit :
— Laissez ses biens à ses sœurs,
Je ne demande rien avec elle ;
Assez de biens sont à Traonlavané,
Où il y a cinq mille écus de rente :
Je lui achèterai une robe de soie blanche,
Et je l’épouserai tout-à-l’heure.
Traonlavané disait
En arrivant chez le vieux recteur :
— Seigneur recteur, dites-moi,
Voulez-vous dire ma messe de noce ?
Voulez-vous dire la messe de noce
Pour moi et ma douce Jeanne ?
Le seigneur recteur répondit
À Traonlavané, quand il l’entendit :
— Oui sûrement, dit-il, monseigneur,
Je la dirai tout-à-l’heure ;
Je dirai la messe de noce
Pour vous et pour votre douce Jeanne.