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Le mari était allé travailler (aux champs),
Et vous pouvez croire que sa douleur fut grande
De voir mourir le pauvre,
Tué par la misérable !

Mais, par la justice de Dieu,
Sa femme meurt aussi subitement !
Un voisin court
Au champ, pour en avertir son mari.

— Ne vous fâchez pas de la nouvelle,
Votre femme est morte sur le seuil de sa porte ! —
— Mon ami, je vous remercie,
Allons à la maison, pour l’ensevelir. —

III

A minuit devait se faire l’enterrement,
Et ils se préparèrent en toute hâte.
On attela trois chevaux à la charrette,
Pour la porter en terre.

Mais ils avaient beau tirer de leur mieux,
Ils ne pouvaient la déplacer.
Au lieu de trois, on en attela six.
Et la charrette ne bougeait toujours pas.

On en attela sept.
Et elle ne bougeait pas encore !
Les prêtres arrivèrent,
Et ils dirent qu’il fallait voir.

On ouvre le cercueil,
Et on n’y trouve rien ;
On n’y trouve rien.
Si ce n’est un barbet noir et un chat !

Alors un coup de tonnerre se fit entendre
Au-dessus de la charrette, qui la fit trembler
Et réduisit tout en cendres.
Sans faire de mal aux gens ni aux chevaux !

Il a renversé des églises
Et des navires, sur la grande mer.
Si bien qu’ils ont perdu la vie
Tous les chrétiens qui s’y trouvaient.

Je vous prie, vous tous qui mettez du blé,
De réfléchir à ce que vous avez entendu :
Ce n’était pas Dieu qui punissait,
Mais c’était le diable qui emportait son âme !


Chanté par une vieille mendiante
de Gurunhuël.