Ervoanik Le Lintier disait
A sa marraine, ce jour-là :
— Ma marraine, retournez à la maison,
Laissez la justice faire son devoir ! —
Ervoanik Le Lintier disait,
Assis sur la potence :
— Je vois ma nourrice qui vient,
Et elle s’affaisse à terre à chaque pas.
Ma nourrice, je vous prie
De me donner mon dernier maillot ;
Vous m’aviez donné le premier,
Je vous prie de me donner le dernier ! —
— Comment, dit-elle, mon enfant chéri,
Mon cœur ne pourrait y résister ;
Mon cœur ne pourrait résister, absolument,
A emmaillotter un corps sans sa tête ! —
Ervoanik le Lintier disait,
Assis sur la potence :
— J’ai dix-huit châteaux et dix-huit maisons,
Avec tourrelle et moulin à chacun ;
Je donne le tout à ma sœur de lait,
Pour qu’elle se souvienne de Ervoanik Le Lintier !
La baronne disait,
A Ervoanik Le Lintier, en l’entendant :
— Ervoanik Le Lintier, que faites-vous ?
Vous avez des frères et des sœurs. —
Ervoanik Le Lintier répondit
A sa marâtre, sitôt qu’il l’entendit :
— Si c’est pour avoir mes biens
Que vous m’avez fait condamner à mort,
Je vais signer avec mon sang
Que jamais vous n’aurez rien à y prétendre ! —
Trois jours après avoir été enterré,
Ervoanik revenait, et parlait.
Il s’est rendu dans la maison de la justice.
Et voici ce qu’il a dit :
— Dans l’enfer sont préparés
De beaux sièges dorés,
De beaux sièges bien dorés,
Gens de la justice, pour vous mettre :