Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/549

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


  — Ne sait aucun le sujet ce,
Si ce n’est marquise Dugangé ;
Si ce n’est marquise Dugangé,
Celle-là perdra sa vie ! —

  Marquis Dugangé disait
A la Marquise et en nuit-là ;
— Allez vous à coucher à la chambre blanche,
Moi irai aussi maintenant bientôt. —

  La Marquise disait
A sa servante petite, dans nuit cette :
— Faites vous dans bien à mes enfants,
Sera mineurs (orphelins) avant le jour !

  Sainte Radegonde, ma marraine,
Moi recommandez à Dieu ;
Moi recommandez à Dieu,
Moi serai morte avant le jour ! —

  Marquis Dugangé disait,
Dans la chambre blanche quand arrivait :
— Marquise, dit lui, mon épouse,
En nu je ai envie à vous voir. —

  Quand était elle déshabillée en nu,
Plante son épée dans elle, jusqu’à la croix !
Sept coups lui a à elle donnés,
Avant que elle est à la terre tombée ;

  Chaque coup demandait d’avec lui
Quoi était le sujet à elle tuer ?
— A cause de la jalousie
Etait entrée dans mon cœur ! —

  — Si aviez contre moi avoué,
Moi je aurais votre colère cassée ;
Moi je aurais votre colère cassée,
Par faux témoins (de) votre frère prêtre. —

  — Marquise pauvre, mon épouse,
Médecins il sera cherché ;
Médecins il sera cherché,
Et vos blessures (il sera) guéri. —

  — Sauf votre grâce, dit-elle, mon époux,
Mourir à présent il sera nécessaire :
Dans Paradis, ou sur son tour (aux environs)
Si faites le bien, nous nous trouverons ! —

  Là fut entendu force et cris,
Avec les serviteurs de la maison ;
Avec les serviteurs à pleurer,
La Marquise à faire ses adieux !