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  Ils tombèrent dans l’eau, en se tenant l’un l’autre,
Tous les deux, comme deux ennemis.
Voilà Radegonde veuve,
Et certes elle ne le savait pas.

  Radegonde avait un oratoire,
Dans son jardin, au bord de la mer,
Et elle y venait tous les jours,
Tous les jours, pour prier Dieu.

  Pour prier le seigneur Dieu,
Pour que le marquis vainquit à l’armée ;
Pour que vainquit le marquis son mari,
Dans le combat contre ses ennemis.

  Un jour qu’elle était en prière,
Descend un ange auprès d’elle :
— Radegonde, laissez cette prière-là,
Votre mari a été noyé, en se rendant à l’armée ;

  Il est dans le feu du purgatoire,
Priez Dieu de le délivrer ;
Priez Dieu de le délivrer,
Et faites dire des messes pour lui ! —

III

  Pendant deux ans et demi elle a été
A porter le deuil de son mari ;
A porter le deuil de son mari.
Avec beaucoup d’honneur et de respect,[1]

  Un jour qu’elle était en prière,
Un ange descend auprès d’elle :
— Radegonde, laissez cette prière-là,
Votre mari est monté parmi les anges ! —

  Quand Radegonde entendit cela,
Elle se releva aussitôt ;
Elle se releva de là, et de nouveau,
Se rendit au château de sa mère.

  Quand elle eut été quelque temps ainsi,
Des gentilshommes la fréquentaient ;
De grands gentilshommes la fréquentaient,
Du haut sang royal.

  Mais de tous ceux qui venaient,
Aucun ne plaisait à son cœur,
Jusqu’à ce que vint le marquis Deganvi,
Celui-là, il fallut qu’il l’eût.

  1. (1) Gant enor ha respect, est une phrase consacrée, un lieu commun qui se présente souvent dans nos poésies populaires, et qui revient à peu près à l’expression française avec convenance, avec religion.