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  — Mon mari, il n’est pas décent de voir
Une personne deshabillée toute nue ;
Mais je ne vous ai jamais résisté,
Ni refusé de vous obéir. —

  Quand Radegonde entendit cela,
Elle se prosterna à genoux ;
Elle s’est prosternée à genoux,
Puis elle s’est déshabillée :

  Elle s’est déshabillée
Et a invoqué sa patronne :
— Radegonde, ma marraine,
Soyez ma protectrice !

  Ma protectrice devant Dieu,
Pour mon corps et pour mon âme ;
Pour mon corps et pour mon âme,
Et faites que j’aille vous voir au ciel ! —

  Quand elle se fut déshabillée toute nue,
Il plongea son épée dans son corps, jusqu’à la croix (la garde) ;
Il plongea son épée dans son corps, jusqu’à la croix :
— Aïe ! mon mari, vous me faites souffrir ! —

  Et lui, quand il eut commis le crime,
Se mit à lui demander pardon ;
Il se mit à lui demander pardon,
Mais il ne le demandait pas à Dieu !

  — Ma pauvre femme, pardonnez-moi,
Car j’ai agi injustement,
J’étais possédé par le démon ! —
Mais elle était déjà morte !

  Mais elle était déjà morte,
Sans avoir pu lui répondre ;
Elle n’a pas pu lui répondre,
Mais sa patronne l’a fait :

  — Retire-toi de là, homme maudit.
Tu as mérité l’enfer ;
Tu as mérité dans l’enfer
D’aller brûler, chair et os ! —

  Quand la Marquise allait au ciel,
Les autres étaient emportés par les diables ;
Les autres étaient emportés par les diables,
Et voilà mauvaise fin aux deux époux.


Chanté par Pierre Kourio, tisserand.
Keramborgne, 1855.
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