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  — Mon pauvre fils chéri, contenez-vous,
Vous maltraitez tous les gens de votre maison ;
Vous maltraitez tous les gens de votre maison,
Et vous causez beaucoup de douleur à votre femme ! —

  — Ma mère, dit-il, retirez-vous,
Car je ne veux pas vous frapper ;
C’est moi, je pense, qui suis celui
Qui doit mettre de l’ordre dans ma maison ! —

  — Mon fils, je vous ai mis au monde,
Je vous ai porté entre mes deux côtés,
Et jamais vous ne m’aviez causé autant de peine,
Mon fils, que vous m’en causez à présent ! —

  — Ma mère, dit-il, retirez-vous,
Car je ne veux pas vous frapper ;
C’est moi, je pense, qui suis celui
Qui doit mettre de l’ordre dans ma maison :

  Mes valets d’écurie sont friands,
Et ma femme est encore jeune ;
Radegonde est jeune,
On dit même qu’elle est inconstante. —

VI

  Et le Marquis disait
A sa femme, cette nuit-là :
— Ma femme, préparez-vous
A aller coucher dans la chambre de la tourelle ;

  A aller coucher dans la chambre de la tourelle blanche,
Moi, j’irai aussi, dans un moment. —
Quand la Marquise a entendu
(Qu’il fallait) aller coucher dans la chambre de la tourelle,

  (Elle n’avait pas l’habitude d’y aller),
Elle s’est mise à faire ses adieux :
— Adieu à vous tous, dit-elle, gens de ma maison,
Adieu, les valets d’écurie ;

  Adieu à vous, mes enfants chéris,
Adieu à vous, mes deux nourrices !
Tenez, gouvernante, voilà mes clefs,
Veillez sur mes biens ;

  Veillez sur mes biens,
Mais surtout sur mes enfants ;
Faites qu’on traite bien mes enfants
Qui seront orphelins avant le jour ! ...

  Le seigneur Marquis disait
A sa femme, cette nuit-là :
— Ma femme, déshabillez-vous,
Je veux vous voir toute nue. —