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  — Mon pauvre petit père, si vous m’aimez,
Vous me tuerez avant mon enfant ;
Tuez-moi avant mon enfant,
Il ne me faudra pas mourir deux fois !

  Mais, mon pauvre petit père, si vous me tuez,
Vous prendrez d’abord mon enfant (dans vos bras) ;
Puis, disposez de moi comme vous voudrez,
Comme fait un bon père de ses enfants! —

  Le vieux Mezarnou disait,
En prenant le pauvre enfant :
— Ou mes yeux me mentent tous les deux,
Ou tu ressembles à Mezarnou ! —

  Il n’avait pas fini de parler,
Que le feu d’artifice a éclaté ;
Le feu d’artifice a éclaté,
Et le Kerdadraon a été incendié !

  L’héritière disait,
Ce jour-là, à son père Mezarnou :
— Seigneur Dieu, que faire ?
Le Kerdadraon est incendié ! —

  — Consolez-vous, ma fille, ne pleurez pas,
Le Kerdadraon sera relevé ;
Le Kerdadraon sera relevé
Et couvert en ardoises gorge-de-pigeon ;

  Et quand le soleil luira,
Il brillera comme l’argent ;
Comme l’argent il brillera,
Sous le soleil clair qui éclatera. —

  Le seigneur de Kerdadraon répondit
A son beau-père Mezarnou, quand il l’entendit :
— Le Kerdadraon sera rebâti,
Seigneur de Mezarnou, sans votre aide.

  Mieux que votre fille de Mezarnou,
A été dame de Kerdadraon :
La fille aînée de Kerouspi
Y a été dame avant elle ! —


Chanté par Garandel, surnommé Compagnon-l’Aveugle.
Kerarborn, 1845.


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