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III

  Quand arriva la lettre a Botilio, [1][1]
Les danses allaient en rond.

  — Bonjour dans ce manoir,
Monsieur le Marquis, où est-il ? —

  — Le Marquis est allé à l’armée,
Et la Marquise est au lit ;

  Marchez doucement par la maison,
De peur de la réveiller ;

  De peur que vous la réveilliez,
Voici trois nuits qu’elle n’a dormi goutte. —

  — Puisqu’elle est couchée depuis trois nuits,
Tout-à-l’heure je la réveillerai. —

  — Prenez, Marquise, une lettre
Qui vous est envoyée par votre beau-frère ;

  Par votre beau-frère, le frère du Marquis,
Qui est en prison à Paris. —

  — Et quel crime a-t-il commis,
Le comte Des Chapelles, pour être mis en prison ?

  — Il a commis un assez grand crime,
Il a tué le page du roi ;

  Il a tué le page du roi,
En sa présence, d’un coup d’épée !

  Le plus grand ami qu’eût le roi de France,
Il l’a tué en sa présence ! —

  La Marquise disait
A ses cochers, cette nuit-là :

  — Attelez mon carrosse,
Pour que nous allions à Paris cette nuit !

  Cent vingt lieues, ou environ,
Sont entre Paris et Botilio ;

  Quand je fatiguerais dix chevaux à chaque pas,
Il faut que j’aille à Paris, cette nuit ! —

IV

  Le comte Des Chapelles demandait
Un jour, dans la prison de Paris :

  1. (1) D’après M. de La Villemarqué, et ses raisons me paraissent bonnes, ce serait Bodigneau, maison noble des environs de Quimper ; mais mon chanteur tenait pour Bodinio, en Pestivien (Côtes-du-Nord).