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  Les cierges (commencèrent) à s’allumer,
Et les yeux des saints à briller ;
Et le crucifix de me dire :
— Laisse ses trésors à Marie ! —

  Au moment où je fermais la dernière porte,
Le recteur disait dans son presbytère :
— Seigneur Dieu, habitants de Plouaret,
Notre église est volée ! —

  Quand je fus arrivé au pont des Anglais,
Le tonnerre commença à gronder :
— Du courage, du courage, camarades,
Nous approchons de Lanvellec ! —

  — Marie Garan, ouvrez votre porte,
Jamais vous n’aurez eu pareille ouverture ;
Jamais pareille ouverture vous n’aurez eue,
Voilà la croix d’or de Plouaret ! —

  Dès que Marie Garan entendit cela,
Elle laissa couler son vin ;
Elle a laissé couler son vin,
De joie (en voyant) la croix d’or de Plouaret !

  J’ai brûlé neuf charretées de fagots,
J’ai fondu neuf bassines d’airain,
En cherchant à fondre la croix d’or de Plouaret,
Et quand on m’eût tué, je n’aurais pu le faire !

  Et quand on m’eût tué je n’aurais pu y réussir,
A cause de notre divin Sauveur ;
A cause de notre divin Sauveur,
Qui fut crucifié sur la croix !

  Dans un coffre plein d’étoupes, en Lanvellec,
Est à présent la croix d’or de Plouaret,
Qui n’a pas sa pareille sur la terre,
Mais à Langoat se trouve sa sœur !


Chanté par Barbe Tassel au bourg de Plouaret. — 1867.


La tradition de ce vol, dont je ne puis fixer la date, est encore très-vivante dans la commune de Plouaret. Ar werenn-vraz qui était, suivant la chanson, une des trois merveilles du monde, dont les deux autres étaient la lampe et la croix d’or de la même église, c’est la maîtresse vitre dont est percé le chevet, et qui est réellement remarquable par sa dimension et la légèreté de ses meneaux flamboyants.

Une autre version, que j’ai recueillie dans la commune de Prat, d’une fenme nommée Kato Prigent, se termine ainsi :

. . . . . . . . . . . . . . . .
Pa deuz gwelet na fonte ket,
Bars ar mor a deuz-hi taolet ;
Bars ar mor adeuz-hi taolet,
Ar mor gant-hi a zo rannet !