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  A vous pareillement, marquis de Coatanhai ;
Où est mon amour ? —

  — Votre amour est allé à Paris,
Pour recevoir les Ordres, m’est avis ;

  Pour recevoir les derniers Ordres ; (1)[1]
Dimanche sera sa première messe.

  Quand l’héritière a entendu,
Elle a dit à son garçon d’écurie :

  — Sellez-moi ma haquenée,
Pour que j’aille encore à Paris. —

  — Et qu’iriez-vous faire à Paris ?
Il n’y a pas plus de trois mois,

  Il n’y a pas plus de trois mois
Que vous êtes revenue de Paris. —

  — N’importe, et quand il n’y aurait pas trois jours,
Il faut que j’y retourne ;

  Et si j’y arrive avant lui,
Jamais il ne recevra les Ordres —

  Son père dit alors
A l’héritière, quand il l’entendit :

  — A Crec’hgouré il y a des chaînes,
Petite héritière, qui vous retiendront. —

  — Gardez vos chaînes, mon père,
Vous les trouverez pour attacher vos chiens,

  Et donnez-moi mes rentes,
Que vous recevez depuis dix-huit ans ! —

  Le marquis de Coatanhai disait
A l’héritière, en ce moment :

  — Petite héritière, ne vous fâchez pas,
Votre bien-aimé est à vous écouter ;

  Il est là-bas, à la porte de la cour,
Qui vous attend avec une haquenée ;

  Il vous attend avec une haquenée blanche
Qui a une bride d’argent en tête ;

  Ayant une bride d’argent en tête,
Et capable, héritière, de vous porter. —

  Son père disait alors
A l’héritière, en entendant cela :

  — Si vous avez été choisis par Dieu,
Petite héritière, je ne vous retiendrai pas.

  1. (1) Pour être ordonné prêtre.