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  — Petite Aliettte, ma chère petite sœur,
Venez avec moi au cellier ;
Venez avec moi au cellier,
Pour boire du vin doux comme le miel, —

  — Sauf votre grâce, Monseigneur, je n’irai pas,
Le vin ne convient pas aux jeunes filles ;
Quand j’aurai soif, je boirai de l’eau,
Et je prierai Dieu de m’assister ! —

III

  Le seigneur de Penanstank disait
Un jour à Aliette Lemad :
— Petite Aliette, si vous m’aimez,
Vous resterez encore une année avec moi ? —

  — Vous m’aviez demandée pour un an,
Et je vous ai servi un an ;
Je vous ai servi un an,
Et je ne resterai pas plus longtemps ;

  Et le convenant est à moi,
Seigneur de Penanstank, en dépit de votre nez !
Je sors vierge de votre maison,
Voilà sept ans qu’aucune autre n’en est sortie ! —

  Petite Aliette, dites-moi,
Où avez-vous été au couvent ? —
— Au coin du feu, chez mon père,
J’ai entendu mainte bonne parole ;

  — Au coin du feu, chez mon père,
J’ai entendu mainte bonne parole,
Pendant que je te berçais
Quel frère de lait pour moi ! —

  — Petite Aliette, je vous verrai,
Dans la ville de Tréguier, ou aux environs,
Avec votre ventre jusqu’à votre œil,
Enceinte de quelque fripon !

  — Si c’est d’un fripon,
Crois-le bien dans ton cœur, je l’épouserai,
S’il n’est marié,
Ou un homme consacré à Dieu.

  Toi, tu es marié à l’église,
Tu es marié au saint sacrifice :
Si tu réfléchissais, Penanstank, à ton péché,
Certainement tu y renoncerais ! —


Chanté par Marguerite Rio, domestique à Keramborgne. 1847.