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LE SEIGNEUR DE PENANSTANK.
SECONDE VERSION.
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I

  — Petite Aliette, ma gentille enfant, (1)[1]
Il faudra aller à Penanstank ;
Il faudra aller à Penanstank,
Ou perdre nos droits sur le convenant. —

  — Si celle qui me mit au monde était encore en vie,
Comme l’est celui qui m’éleva,
Elle ne m’enverrait pas à Penanstank,
Dût-elle perdre dix-huit convenants !

  Assez de convenants sont dans le pays,
Quand nous aurons de l’argent, nous en achèterons,
Et mon honneur, une fois perdu,
Avec tous les biens (du monde) je ne pourrais le racheter ! —

II

  Le seigneur de Penanstank disait,
Un jour, à la petite Aliette :
— Petite Aliette ma petite sœur fine,
Venez avec moi au jardin ;

  Venez avec moi au jardin,
Cueillir un bouquet de fines herbes ;
Pour que je vous montre les herbes
Qui entrent dans ma soupe. —

  — Allez dire votre grand’messe,
Et pour lors je l’aurai faite, (la soupe)
Et si elle vous plaît, vous la mangerez,
Et si elle ne vous plaît pas, vous la laisserez. —

  — Petite Aliette, ma gentille petite sœur,
Venez avec moi dans ma chambre,
Pour choisir des poires et des pommes pourries, [1][2]
Qui sont là depuis longtemps. —

  — Si vos pommes sont pourries,
Ce n’est pas moi qui les mangerai, Monseigneur ;
Jetez-les aux pourceaux, qui les mangeront,
Et ainsi vos pommes seront dépourries !

  1. (1) Dans la version précédente et généralement dans les autres, le nom est mieux précisé : Aliellik ar Vad, Aliette Le Mad ou Le Bon.
  2. [1] D’zivreina per hag avalou — pour dépourrir des poires et des pommes. Il s’agit de poires et de pommes mises en réserve et qu’on visite de temps en temps ; on emporte celles qui sont gâtées on les dépourrit, c’est-à-dire qu’on enlève la partie qui est corrompue, puis on mange le reste.