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III

  Jeanne Le Marec disait,
En arrivant chez le vieux Le Bihan :
— Donnez-moi escabeau pour m’asseoir,
Si je dois être cuisinière ici ;

  Si je dois être cuisinière ici,
Où je devrais être la maîtresse ! —
La sœur du prêtre répondit
A Jeanne, quand elle l’entendit :

  — Cuisinière ici vous ne serez,
Mais vous serez au haut bout de la table ;
Vous serez au haut bout de la table,
Vis-à-vis de mon frère prêtre. —

  La première goutte qu’il versa,
Il dit à la petite Jeanne :
— A votre santé, jeune fille mal-avisée
D’aimer un homme d’église ! —

  La seconde goutte qu’il versa,
Il lui dit la même chose ;
Il lui a dit la même chose,
Jeanne Le Marec s’est évanouie.

  Jeanne Le Marec disait à la compagnie.
Quand elle revint à elle :
— Compagnie, excusez-moi,
Je suis venue faire la honte du banquet !

  Excusez-moi, compagnie,
Je suis venue faire la honte de la fête.
J’ai eu sept serviteurs clercs,
Le prêtre Le Bihan est le huitième :

  Le prêtre Le Bihan, le dernier.
Me brise le cœur ! ... —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

IV

  Jeanne Le Marec disait,
Un jour, au sacristain de Gaudri :
— Dites au prêtre Le Bihan de venir ici,
Et de venir avec l’extrême-onction ;

  De venir avec l’extrême-onction,
Car je suis sur le point de passer (mourir) !
Le sacristain de Gaudri n’a pas obéi,
Il n’a pas dit au prêtre Le Bihan ;

  Il n’a pas dit au prêtre Le Bihan,
Et Jeanne Le Marec est morte ! ....
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .