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II

  Jeanne Le Marec disait,
En arrivant dans le cimetière de Gaudri : (1)[1]
— Femmes et jeunes filles, dites-moi,
La messe est-elle commencée ? —

  — Elle n’est ni commencée ni terminée,
Le prêtre ne peut pas la dire ;
Le prêtre ne peut pas la dire,
Quand il pense à Jeanne Le Marec. —

  Jeanne Le Marec, quand elle a entendu,
Est entrée dans l’église ;
Elle est entrée dans l’église,
Et s’est agenouillée contre les balustres (du chœur)

  Quand le prêtre était à faire le tour de l’église,
Jeanne tirait sur son surplis,
Pour voir s’il se détournerait,
Pour dire adieu à son amour.

  Du marchepied (de l’autel) à la porte principale,
On entendait leurs cœurs éclater,
Si bien que le vicaire demandait
Si c’était la charpente de l’église qui craquait ?

  Si c’était la charpente de l’église qui craquait,
Et c’était le cœur de Jeanne qui le faisait !
Si bien que tous ses compatriotes disaient
Qu’elle était une jeune fille bien mal-avisée ;

  Qu’elle était une jeune fille bien mal-avisée
D’être folle d’un homme d’église !
Le prêtre Le Bihan disait
Au sacristain de Gaudri, ce jour-là :

  — Faites sortir Jeanne de l’église,
Pour que j’offre le sacrifice,
Car je ne puis pas l’offrir,
Quand je regarde Jeanne Le Marec. —

  Le prêtre Le Bihan disait
A Jeanne Le Marec, ce jour-là :
— Consolez-vous, Jeanne, ne pleurez pas,
Un beau banquet a été préparé :

  Un beau banquet a été préparé.
Comme un banquet de noces ;
Comme un banquet de noces
Et vous serez au haut bout (de la table). —

  1. (1) Je ne connais pas de commune de ce nom en Bretagne.