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  — Le vieux Le Iudec répondit
A Philippe Olivier, quand il l’entendit :
— Que cherches-tu autour de ma maison.
Si tu ne veux pas te marier ? —

  — Vieux Le Iudec, je vous prie
De venir à ma première messe,
Et de venir le plus possible,
Si ce n’est votre fille Jeanne, qui ne viendra pas. —

  Jeanne Le Iudec répondit
A Philippe Olivier, quand elle l’entendit :
— Le trouve mauvais qui voudra,
J’assisterai à votre première messe ;

  J’assisterai à votre première messe,
Et je ferai mon offrande de quatre pistoles ;
Je ferai mon offrande de quatre pistoles.
Et une douzaine de mouchoirs. —

III

  La petite Jeanne Le Iudec disait.
En arrivant dans le cimetière du Mur : (1)[1]
— Dites-moi, compagnie,
Si la messe nouvelle est dite ? —

  — La messe nouvelle n’a pas eu lieu,
Le prêtre ne peut pas la dire,
Avec le regret de la plus jolie fille du pays,
Et c'est vous, petite Jeanne, si je ne me trompe. —

  Quand Philippe Olivier faisait le tour de l’asperges,
Jeanne le saisit par son surplis :
— Philippe Olivier, détournez-vous vers moi,
C’est péché à vous, à cause de moi ! —

  La mère de Philippe Olivier disait
A Jeanne Le Iudec, ce jour-là :
— Jeanne Le Iudec, levez la tête,
Vous verrez Jésus dans la messe ;

  Vous verrez Jésus présenté
Entre les mains de votre bien-aimé ! —
Depuis l’autel jusqu’à la porte principale,
On entendait le cœur de Jeanne qui éclatait !

  Un des vicaires demandait :
— Est-ce la charpente de l’église qui craque ainsi ? —
— Sauf votre grâce, seigneur, ce n’est pas.
Mais c’est Jeanne Le Iudec, qui s’est évanouie ! —

  1. (1) S’agit-il ici de la commune de Mur, ou de l’ancienne église du Mur, à Morlaix ?