Yves Gélard disait,
En arrivant chez le vieux Le Glaz :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Où est ma douce Renée ? —
— Elle est dans la chambre, au-dessus de la cuisine,
Yves Gélard, consolez-la. —
— Bonjour à vous, Renée la jolie. —
— A vous de même, jeune veuf ! —
— Notre-Dame Marie de la Trinité !
Me prenez-vous pour un veuf ? —
— Je ne vous prends pas pour un veuf,
Mais vous le serez dans trois jours ! —
Renée Le Glaz disait,
En passant auprès de Kerversault : (1)[1]
— Laissez-moi entrer ici.
Pour que je voie le fils aîné :
Pour que je voie le fils aîné,
J’ai entendu dire qu’il est malade sur son lit ;
J’ai entendu dire qu’il est malade sur son lit,
Et même à son heure dernière. —
— Pour aujourd’hui, nous n’entrerons pas,
Nous le ferons demain, si vous voulez. —
— Si nous n’entrons pas aujourd’hui,
Demain nous ne le ferons pas non plus —
Pendant la messe de noce,
Les coups de la mort ont frappé ; [1][2]
Les coups de la mort ont frappé,
Le pauvre Kloarec est mort !
Renée Le Glaz disait
A monsieur le recteur, ce jour-là :
— Hâtez-vous de dire cette messe,
Mon cœur est près de défaillir ! —
Monsieur le recteur disait
A Renée Le Glaz, ce jour-là :
— Je suis surpris, Renée, de vous entendre,
Vous avez eu un honnête homme ;
Il possède de l’argent et de l’or,
Et avec votre doux Kloarec vous seriez pauvre ! —
— Cela ne regarde personne au monde.
Et quand je serais avec lui à chercher mon pain ! —
- ↑ (1) Les villages du nom de Kerversault ou Kerverzot, ne sont pas rares en Basse-Bretagne ; il s’en trouve, entr’autres, dans les communes de Ploubezre et de Quemperven, arrondissement de Lannion.
- ↑ (1) Glas funèbre qu’on sonne dans nos campagnes au clocher de la commune et à la chapelle la plus voisine de l’habitation où quelqu’un vient de mourir.