Et trois mois et demi ont dure
Les solennités de la noce.
Quand Pontplancoet était aux Etats,
Il recevait des lettres ;
Il recevait des lettres
(Pour lui dire) « que sa femme était en couches :
» Que sa femme était en couches,
» ( Que sainte Marguerite la délivre ! )
» Cherchant à donner le jour à un petit fils,
» J’ai mille peurs qu’elle ne le mette pas au monde ! »
Son petit page disait,
Un jour, au seigneur de Pontplancoet :
— Il tombe de la pluie à torrent, la nuit est noire,
Mon maître chéri, allons reposer. —
— De la nuit je ne me coucherai dans mon lit,
Ni ne me reposerai nulle part ;
Ni ne me reposerai nulle part,
Que je n’aie vu celle que j’aime :
Dussé-je crever un cheval à chaque pas,
Il faut que je voie ma femme ;
Il faut que je voie ma femme,
Je ne sais quoi tourmente mon esprit ! —
Et Pontplancoet disait,
En arrivant auprès de la cour (de son manoir) :
— Qu’y a-t-îl de nouveau dans ma maison,
Que personne ne vient m’ouvrir ? —
La gouvernante disait
A Pontplancoet en ce moment,
— Il y a du nouveau assez dans le pays,
Et dans les paroisses environnantes ;
Il y a du nouveau assez dans le pays,
La Baronne est en couches !
La Baronne est en couches,
Que sainte Marguerite la délivre !
Voici trois jours et trois nuits
Qu’elle est en peine,
Cherchant à donner le jour à un petit fils,
J’ai mille peurs qu’elle ne le mette jamais au monde !
— Bonjour, dit-elle, mon époux,
Il y a bien longtemps que je ne vous ai vu ;
Depuis que vous êtes parti de cette maison,
J’ai éprouvé bien de la peine ! —