Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IV

  Le seigneur de Pontplancoat disait,
En arrivant à Pontplancoat :
— Bonjour et joie à tous, dans cette maison,
Qu’y a-t-il de nouveau ici ? —

  La petite servante répondit
Au seigneur de Pontplancoat, quand elle entendit :
— Il y a du nouveau assez,
Madame est en peine d’enfant !

  La Baronne est en peine d’enfant,
Depuis trois jours et trois nuits. —
Le seigneur de Pontplancoat disait
A la Baronne, en la saluant :

  — Ma pauvre femme, du courage!
Voici la noblesse qui vient vous faire visite ;
Voici l’empereur qui vient,
Et la fille du roi pour marraine !

  — Il n’y a ni seigneur ni dame
Qui puisse rendre mon cœur joyeux,
Si vous ne le faites, mon seigneur Baron,
Ou bien encore mon frère, l’évéque de Léon.

  Seigneur Baron, si vous étiez content,
Je ferais à présent mon testament ? —
— Faites le testament que vous voudrez,
Il y a de l’argent et on payera. —

  — Ma robe de noce, la meilleure,
Je la donne à madame sainte Anne ;
Ma robe de satin blanc, à sainte Catherine,
Pour que je meure trois jours après avoir enfanté. —

  Elle n’avait pas fini de parler,
Que la sainte Vierge entra dans la maison ;
La sainte Vierge entra dans la maison,
Pour la voir ouvrir. —

  — Arrête, arrête, chirurgien,
Tu vas un peu vite en besogne :
Mets-lui une cuillère d’argent dans la bouche
Et fais une incision au côté droit.

  Fais-lui une incision au côté droit,
Mieux vaut perdre une que perdre deux ! —
Le chirurgien disait
A Monsieur le Baron, en ce moment :

  — Voici un petit fils,
Dont j’ai plein les bras ;
J’en ai plein les bras,
Il ne lui manque que le baptême ! —