— Consolez-vous, ma mère, ne pleurez pas,
La vengeance de mon père ne sera pas perdue ;
Si je vis, quand je serai en âge,
Moi, je vengerai la mort de mon père ! —
Le jeune Baron disait
Ce jour-là à Guillaume Le Bélec :
— Sortez mes chevaux de l’écurie,
Et mettez dessus des tapis ;
Mettez dessus des tapis,
Car je veux aller sans retard,
Je veux aller sans retard
Rendre visite à Rosmadec, chez lui. —
Le jeune Baron disait,
En arrivant au manoir de Derleu :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Rosmadec où est-il ? —
Rosmadec, sitôt qu’il entendit,
Mit la tête à la fenêtre ;
Il a mis la tête à la fenêtre,
Et a dit au jeune baron :
— Retournez à la maison, mon bon Baron,
Jusqu’à ce que vous soyez venu en âge,
Car je trouve que ce serait grande pitié
De vous oter la vie à présent ! —
Le jeune Baron répondit
A Rosmadec, sitôt qu’il l’entendit :
— Allons jouer de l’épée,
Ou je mettrai le feu à tous tes biens,
Et tu verras tout brûler,
Et toi-même tu seras rôti en même temps ! —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Rosmadec, à ces mots,
Descendit l’escalier tournant ;
Il descendit l’escalier tournant,
Et ils allèrent jouer de l’épée.
Deux heures et demie ils ont été
A jouer de l’épée et du fleuret ;
A jouer de l’épée et du fleuret,
Rosmadec a été tué.
Quand le Baron allait par la rue,
Les gens tremblaient des deux côtés ;
Les gens tremblaient des deux côtés :
— C’est celui-ci qui sait jouer de l’épée ! —