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  Le seigneur de Rosmadec disait,
En faisant ses adieux aux gens de sa maison :
— Je vais en ce moment au Pré-Neuf,
Et je suis sûr que j’y perdrai la vie ! —

  Quand ils sont allés jouer de l’épée,
Le jeune Baron gagnait :
Le seigneur de Rosmadec disait
Au jeune Baron, voyant qu’il avait l’avantage :

  — Baron, ramasse tes boucles,
Si je marche dessus, je les briserai. —
— Et quand mes boucles seraient brisées,
J’ai de l’argent assez dans mes poches ;

  J’ai de l’argent assez dans mes poches,
Pour en avoir d’autres qui les remplaceront ;
Ne t’inquiète pas de cela,
Et joue hardiment ton coup d’épée ! —

  Le seigneur de Rosmadec disait,
Au seigneur Baron qui avait l’avantage :
— Baron, ramasse tes mouchoirs,
Si je marche dessus, je les souillerai. —

  — Et quand mes mouchoirs seraient souillés,
J’ai de l’argent assez dans mes poches ;
J’ai de l’argent assez dans mes poches,
Il y a des filles dans le pays qui les laveront :

  Ne t’inquiète donc point de cela,
Et joue hardiment ton coup d’épée ;
Joue ton coup d’épée quand tu voudras,
Car voici l’heure où tu mourras ! —

  Il n’avait pas fini de parler,
Qu’il lui trancha la tête de dessus le corps,
Et la jeta sur la rue,
Aux enfants, pour jouer à la crosse !

  Et les gentilshommes disaient,
Se disaient l’un à l’autre :
— Voici le jeune Baron qui passe.
Portant la tête de Rosmadec !

  Et ils se disaient l’un à l’autre :
— Celui-là sait jouer de l’épée ! —

V

  Sa mère la Baronne demandait
Au jeune Baron, quand il arriva :
— Mon fils le Baron, dites-moi,
Avez-vous eu la vie de Rosmadec ? —