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MARIVONNIC.
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  Le premier jour du mois noir (novembre),
Descendirent les Anglais dans le Dourduff[1].

  Dans le Dourduff quand ils sont descendus,
Ils ont enlevé une jeune fille :

  Ils ont enlevé une jolie jeune fille,
Pour l’emmener sur leur bâtiment.

  Marivonnic est son nom,
Elle est native de Plougasnou.

  Marivonnic disait,
En passant devant la cour de son père :

  — Adieu, ma mère, adieu, mon père,
Jamais ne vous reverront mes yeux !

  Adieu, mon frère, adieu, ma sœur,
Jamais je ne vous reverrai sur la terre !

  Adieu, parents et amis,
Jamais je ne vous reverrai dans ce monde !…. —

  La petite Marie-Yvonne pleurait,
Et ne trouvait personne qui la consolât ;

  Et ne trouvait personne oui la consolât,
Si ce n’est le grand Anglais (le capitaine), celui-là le faisait :

  — Petite Marie-Yvonne, ne pleurez pas,
Pour ce qui est de votre vie, vous ne la perdrez pas :

  Pour ce qui est de votre vie, vous ne la perdrez pas,
Mais votre honneur, je ne dis pas ! —

  — Je préfère mon honneur
À tous les navires qui sont sur la mer.

  Seigneur Anglais, dites-moi,
Ne serai-je obligée qu’à vous ? —

  — À moi-même, à mon valet de chambre,
Et à mes matelots, quand ils voudront :

  À mes matelots, quand ils voudront,
Il y en a cent-et-un ! —

  — Seigneur Anglais, dites-moi,
Me laisserez-vous me promener sur le pont ? —

  1. Le Dourduff (eau noire) est le nom d’une petite anse à l’embouchure de la rivière de Morlaix.