Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


  — Madame Marie du Rosaire,
Me tuerai-je, ou ne le ferai-je ?
A cause de vous, Vierge Marie,
Je ne veux pas vous offenser. —

  Elle n’avait pas fini de parler,
Qu’elle le plongea au milieu de son cœur :
Quand le marquis se détourna,
La pauvre jeune fille était sur la bouche !

  Le marquis de Coatredrez disait
A la jeune fille, en ce moment :
— Si je ne craignais de damner mon âme,
Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu ! —

  Le marquis de Coatredrez disait
A tous ses valets, cette nuit-là ;
— Mes gens, allez vous coucher,
La nuit est avancée, il est temps d’aller. —

  La gouvernante dit
Au marquis de Coatredrez, quand elle l’entendit
— Il n’est personne dans votre maison
Qui ne connaisse votre crime comme vous.

  Je vous ai souvent averti
Au sujet du vin et des femmes,
Mais surtout au sujet de celle-ci,
La sœur de lait du seigneur de Kerninon ! —

V

  Le coq n’avait pas encore chanté le jour,
Que le portail était brisé à Coatredrez ;
Le portail était brisé à Coatredrez,
Par Kerninon et ses gens.

  Le seigneur de Kerninon disait,
En arrivant au manoir de Coatredrez :
— Bonjour et joie dans cette maison,
Le marquis de Coatredrez où est-il ? —

  Le palefrenier dit
Au seigneur de Kerninon, quand il l’entendit :
— Mon maître n’est pas à la maison,
Et il n’y a été depuis vendredi. —

  — Tu mens, palefrenier !
Ton maître est à la maison, puisque tu y es toi-même ;
Tu as l’habitude d’aller avec lui
Arrêter les jeunes filles sur les chemins ! —

  Le marquis de Coatredrez, dès qu’il entendit,
Descendit l’escalier tournant ;
Il a descendu l’escalier tournant,
Et a salué le seigneur de Kerninon.

  — Laisse-moi la vie,
Et je te donnerai toutes mes rentes,
Mon beau manoir de Coatredrez,
Et j’irai servir le roi ! —