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  Mais surtout au sujet de celle-ci,
Qui est sœur de lait de Kerninon :
Il n’est pas de serviteur en votre maison
Qui ne connaisse votre nuit aussi bien que vous.

  — Si vous voulez ne pas me trahir,
Je vous donnerai à chacun cent écus ;
Nous l’ensevelirons et la mettrons au cercueil,
Et lui sonnerons un glas mince (peu bruyant)! —

V

  Le coq n’avait pas encore chanté le jour,
Que le portail de Coatredrez était brisé ;
Le portail de Coatredrez était brisé
Par Kerninon et ses gens.

  Le seigneur de Kerninon disait,
En arrivant au manoir de Coatredrez :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Le seigneur de Coatredrez, où est-il ? —

  Le palefrenier répondit
Au seigneur de Kerninon, en l’entendant :
— Il est allé à une petite affaire,
Il ne reviendra pas cette nuit à la maison. —

  — Tu mens, palefrenier !
Ton maître est à la maison,
Car tu as l’habitude d’aller avec lui
Sur les chemins arrêter les filles. —

  Le seigneur de Coatredrez, dès qu’il entendit,
Descendit par l’escalier tournant ;
Il est descendu par l’escalier tournant,
Et a reçu un bien mauvais salut.

  Seigneur de Coatredrez, dites-moi
Qu’avez-vous fait de ma sœur de lait ? —
— Elle est là-bas dans le jardin,
Sa tête auprès de ses genoux ! —

  Tu as tué ma sœur de lait,
Et il faut que je la venge ! —
— Kerninon, laisse-moi la vie,
Et je te donnerai toutes mes rentes ! —

  — Ce n’est pas des biens que je demande,
Vie pour vie, voilà ce qu’il me faut :
Tu as tué ma sœur de lait,
Et il faut que je la venge ! —

  Alors ils sont allés dans la grande salle,
Pour jouer de l’épée et du fleuret :
Le marquis de Coatredrez a perdu,
Kerninon l’a traversé (de son épée).