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  Le sieur La Tremblaie disait
A monsieur le recteur, ce jour-là :
— Monsieur le recteur, dites-moi,
Ou est la femme de noce ! (la nouvelle mariée) —

  Monsieur le recteur répondit
Au sieur La Tremblaie, quand il l’entendit :
— Monsieur La Tremblaie, excusez-moi,
Je ne marie pas le dimanche ;

  Je ne marie pas le dimanche,
C’est un baptême que j’ai fait. —
— Monsieur le recteur, vous mentez,
Vous avez marié Jeanne Le Roux ;

  Rendez-moi ici Jeanne Le Roux,
Ou je vous tuerai d’abord ;
Ou je vous tuerai d’abord.
Car elle est ici avec son père et sa mère. —

  Jeanne Le Roux disait
Au sieur La Tremblaie, là, en ce moment :
— Monsieur La Tremblaie, si vous m’aimez,
laissez-moi aller sur le mur du cimetière ;

  Laissez-moi aller sur le mur du cimetière,
Pour dire adieu à mon mari. —
— Sur le mur du cimetière vous n’irez pas,
Vous ferez vos adieux de dessus la croupe de mon cheval !

  Jeanne Le Roux disait
Au sieur La Tremblaie, là, en ce moment :
— Laissez-moi aller encore dans l’église,
Pour faire mes adieux à mes compatriotes. —

  — Dans l’église vous n’entrerez pas,
Vous ferez vos adieux de dessus la croupe de mon cheval ;
Vous viendrez avec moi sur la croupe de mon cheval.
Criez, sanglotez, pleurez à satiété ! —

  Jeanne Le Roux disait
Au sieur La Tremblaie, là, en ce moment :
— Monsieur La Tremblaie, si vous m’aimez,
Vous me donnerez un couteau ;

  Vous me donnerez un couteau,
Pour couper ma ceinture de noce ;
Pour couper ma ceinture de noce.
Qu’on a trop serrée sur moi. —

  Le sieur La Tremblaie, quand il a entendu,
Lui a montré trois couteaux,
Un à manche noir, un à manche blanc,
Un autre en or jaune soufflé :