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  — Depuis ce matin nous sommes ici,
Et le soleil est près de se coucher ! —

  — Je voudrais qu’il fit nuit close,
Et avoir la petite Marguerite pour la nuit !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

  La petite Marguerite disait
À la gouvernante, cette nuit-là :

  — Gouvernante, si vous m’aimez,
Faites que j’aille coucher avec vous ! —

  La gouvernante [1][1] répondit
À la petite Marguerite, quand elle entendit :

  — C’est à la table du seigneur que vous souperez,
Et c’est dans son lit que vous coucherez. — (1)[2]


  La petite Marguerite disait,
En arrivant dans la chambre :

  — Je vois là-bas une pomme jaune,
Si j’avais un couteau, je la pèlerais. —

  Rozmelchon, ayant entendu,
Lui donna le choix de trois (couteaux).

  Un à manche noir, un à manche blanc,
Et un autre en or jaune soufflé.

  C’est celui à manche noir qu’elle a pris,
Et elle se l’est enfoncée dans le cœur !

  Quand Rozmelchon se détourna,
La jeune fille était sur la bouche :

  — Si je ne craignais de damner mon âme,
Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu ! —


Chanté par Marguerite Philippe.
Pluzunet, 1867.


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  1. (1) Le mot gouarneres, gouvernante, signifie souvent cuisinière dans nos poésies populaires.
  2. (1) Tout ce passage est une interpolation, empruntée au gwerz de Markis Trede (Coatredrez) qu’on trouvera plus loin, et où il y a une situation semblable. Nos poètes populaires ne se font pas scrupule d’emprunter 10, 15, 20 vers, pour rendre une situation déjà traitée par un poëte antérieur. Peut-être aussi l’interpolation est-elle du fait de la chanteuse qui me paraît avoir constamment confondu et mélangé ce » deux poèmes, qui offrent beaucoup d’analogie, il est vrai, mais dont les personnages sont cependant tout différents.