Mais huit jours après cela,
Une lettre était arrivée à Les Aubrays.
— Les Aubrays, voilà une lettre,
Qui vous est envoyée de la part du roi. —
— Si elle m’a été écrite par le roi,
Donnez-moi la, pour que je la lise. —
— Il vous commande, dit le petit page,
D’aller jouer contre son More. —
— Apprenez-moi donc, petit page,
Les manières et les ruses de guerre du More. —
— Je ne vous apprendrai pas cela,
De crainte d’être dénoncé. —
— Aussi vrai que j’ai la mort à passer,
Petit page, je n’en dirai jamais rien. —
— Le More, sitôt qu’il sera entré dans la salle,
Mettra bas ses habits ;
Faites comme lui, et quand il fera un bond en l’air,
Présentez votre épée pour le recevoir :
Dès que vous le verrez dégainer,
Lancez-lui de l’eau bénite :
Quand il vous demandera de le laisser se reposer,
Ne lui accordez pas de répit ;
Car celui-là a sur lui des herbes,
Qui ne sont pas longtemps à guérir les blessures. —
Cependant le More disait
Au seigneur Les Aubrays qui le serrait de près :
— Seigneur Les Aubrays, si vous m’aimez,
Vous m’accorderez un peu de repos ? —
— Ho ! ce n’est pas pour nous reposer
Que nous sommes venus tous les deux à ce jeu ! —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Plus tard le roi, tout désolé,
Dit à Les Aubrays :
— Tu as tué le défenseur de ma vie,
Veux-tu rester avec moi dans mon palais ? —
— Je ne resterai pas avec vous dans votre palais,
Car ma mère est veuve depuis peu de temps ! —
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