— Le moindre soldat qui est dans ma troupe,
Ne te tendrait pas la main, âne ! —
— Si je suis âne, bien certainement,
Je ne suis pas âne de nature ;
Je ne suis pas âne de nature,
Car mon père avait la réputation d’être sage ;
Si vous n’avez pas connu mon père,
Bientôt vous connaîtrez son fils ! ...
Sellez, mon page, ma haquenée blanche,
Et mettez-lui une bride d’argent en tête,
Et une selle dorée sur le dos,
Pour qu’elle soit belle pour porter un âne !
Et quand mon cheval tomberait à chaque pas,
Il faut que j’aille cette nuit à Vannes. —
Le seigneur Les Aubrays disait,
En arrivant à Sainte-Anne :
— J’ai pris part à dix-huit combats,
Et celui-ci sera le dix- neuvième ;
Ce sera mon dix-neuvième, le dernier,
Car il me brisera le cœur.
Je vous donnerai, ô Vierge, ma mère chérie,
Sept parures, pour vos sept autels. —
Il n’avait pas fini de parler.
Que la Vierge lui a répondu :
— Oh ! oui, tu es toujours mon fils,
Retourne, vite, à la maison, Les Aubrays ;
Les Aubrays, retourne, vite, à la maison,
Et n’emmène personne avec toi au combat ;
N’emmène personne avec toi à ce combat,
A moins que ce ne soit ton petit page. —
Le seigneur Koat-ar-Ster dit
Au seigneur Les Aubrays, quand il l’entendit :
— Vous n’êtes pas un homme aimé dans votre pays,
Puisque vous n’êtes pas venu avec des soldats. —
A peine avait-il dit ces mots,
Que Koat-ar-Ster était couché à terre,
Avec cinquante de ses soldats,
Et cinquante autres avaient pris la fuite !