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  Il lui a donné sept coups de pelle, sans faillir,
Et l’enfant et la mineure, il les a tués tous les deux !

  Alors ils rentrèrent dans le couvent et cachèrent leurs vêtements,
Par crainte de la recherche, car il y avait du sang !

  Le lendemain matin, quand le jour eut jailli,
Un des deux moines ouvrit la porte (de l’église).

  Le mendiant sortit aussitôt de l’église
Et entra dans une auberge :

  — Donnez-moi un morceau à manger et une goutte à boire,
Pour que je recouvre la mémoire, que j’ai perdue cette nuit :

  J’ai vu tuer cette nuit une mineure,
Et je crains bien, mon Dieu, qu’elle ne fut enceinte.

  Car je crois avoir entendu la voix de son enfant ;
Mais il avait beau crier, on l’a tué quand même ! —

  Des gens qui étaient dans l’auberge sortirent,
Pour faire leur déclaration, dès qu’ils entendirent cela.

  Le vicaire (général) disait au mendiant, en l’interrogeant :
— Prenez bien garde, mendiant, à ce que vous dites !

  Prenez bien garde, mendiant, à ce que vous dites,
Et que vous ne chargiez mes ministres, sans raison ! —

  — Vraiment, monsieur le vicaire, si vous ne me croyez pas,
Faites une procession, et alors on verra ;

  Ordonnez une procession, faites-les défiler,
Ils ne ressemblent pas aux autres, ils ont du sang sur leurs chaussures. —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

  On creusa la terre a l’endroit où elle avait été mise,
Et on trouva son corps là où le mendiant avait dit.

  Les deux moines ont été arrêtés alors et conduits en prison ;
C’est à Paris qu’ils reçurent leur condamnation.

  Il leur a fallu faire trois fois le tour de l’église,
Pour leur pénitence, les hommes indignes et cruels !

  On leur revêtit a chacun une chemise enduite de résine,
Puis leurs corps furent consumés sur un grand bûcher ;

  Puis leurs corps furent consumés sur un grand bûcher,
Pour faire un exemple pour ceux qui devaient les remplacer.

  Le grand moine disait, en entrant dans le feu :
— Donnez-moi force et courage pour pouvoir résister,

  Et faire pénitence de ma méchanceté !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

  Hélas ! ma mémoire, pourquoi n’avais-je jamais pensé
Que je serais condamné à mourir à cause d’une fille !

  Beaucoup de jeunes filles pourront dire, à présent,
Que j’ai couché avec elles, et pris leur virginité ... —