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  Si je voulais le dire,
Je sais où j’ai été empoisonné :
C’est en buvant du vin dans le même verre
Qu’une jeune fille que j’aimais ;

  En buvant du vin dans le verre
D’une fille qui était lépreuse !
Et si voulaient mon père et ma mère
Me donner cent écus et un bon cheval,

  J’irais à la rivière du Jourdain,
Où les lépreux recouvrent la santé ;
Là où notre Sauveur fut baptisé,
Il y a remède contre toutes les maladies.

  Si vous vouliez, ma mère et mon père,
Me donner cent écus et un bon cheval,
J’irais à la rivière du Jourdain,
Où les lépreux recouvrent la santé ? —

  — Vous n’irez pas à la rivière du Jourdain,
Mais vous serez conduit au Klandi ;
Vous serez conduit à la lande du malade,
Sur le bord du chemin qui mène à Saint-Jean. —

  — Si vous me faites bâtir une maison neuve,
Faites-la bâtir sur la lande du Klandi,
Pour que je puisse voir les pèlerins
Qui si rendent au mois de mai au Guéodet.

  Et qu’il y ait une fenêtre dans le pignon,
Pour que je puisse voir la procession ;
Pour que je puisse voir la procession
A Ploumilliau, le jour du pardon.

  Pour que je voie la grande bannière de Ploumilliau ,
(Je l’ai portée plus d’une fois ! )
Mettez aussi une fenêtre sur le côté,
Pour que je puisse voir la Villeneuve ;

  Pour que je puisse voir la Villeneuve,
Car c’est là qu’est mon amour ! —

V

  Marie Tili disait
A son père, en arrivant à la maison :
— J’ai donné la lèpre à dix-huit jeunes gens,
Et Iannik Coquart est le dix-neuvième ;

Iannik Coquart, le dernier,
M’a brisé le cœur !
Avec une goutte de sang de mon petit doigt,
Je donnerais la lèpre à cent, comme à un seul ! —


Chanté par Marie Clech, sabotière de la forêt
de Beffou. — 1863.